Bien que les traitements anti-hormonaux réduisent considérablement le risque de récidive et de décès chez les patientes atteintes d’un cancer du sein précoce avec les récepteurs aux hormones positifs, la faible adhésion thérapeutique à l’hormonothérapie reste un enjeu majeur de santé publique.
La littérature scientifique a montré que l’observance à l’hormonothérapie passe d’environ 87% au bout de la première année jusqu’au 50% à 4 ans et qu’une adhésion faible peut s’associer à des taux de rechute de cancer du sein plus élevés.
Les effets indésirables, comme la prise de poids, la fatigue, les arthralgies et les troubles gynécologiques, sont souvent la principale cause d’une faible adhésion à l’hormonothérapie.
Les données publiées ont aussi mis en relief que l’âge jeune était associé à une moins bonne observance à l’hormonothérapie, malgré le pronostic du cancer du sein plus péjoratif dans cette population. Les femmes jeunes semblent en effet avoir plus de difficultés d’adaptation aux effets secondaires du traitement avec une qualité de vie inférieure à celle des femmes plus âgées.
Dans ce contexte, le projet CANTO-COMPLETE vise à évaluer l’observance à l’hormonothérapie à 1 an, 3 ans et 5 ans chez les patientes préménopauses de l’étude CANTO, à partir du dosage de tamoxifène et anti-aromatases dans le sérum, croisé avec les déclaratifs des patientes, afin de :
• déterminer le vrai taux de faible adhésion à l’hormonothérapie chez les femmes jeunes
• identifier précocement les prédicteurs de non-observance
• proposer un programme d’intervention ciblée pour les femmes à risque d’une faible adhésion à l’hormonothérapie
Les résultats préliminaires de cette étude ont révélé qu’une proportion substantielle de patientes en préménopause, 1 patiente sur 6, présentait une adhésion thérapeutique insuffisante après un an de prescription de l’hormonothérapie, avec un impact sur le risque de rechute. Plusieurs prédicteurs socio-démographiques et cliniques étaient associés à une faible adhésion : ne pas avoir reçu de chimiothérapie adjuvante, présence de certains symptômes (gynécologiques, musculo-squelettiques, fatigue) et certains facteurs sociodémographiques.
Une prochaine étape fondamentale de notre projet sera la mise en place d’un programme d’interventions adaptées visant à améliorer l’adhésion à l’hormonothérapie chez les patientes préménopausées, en fonction des toxicités spécifiques et du contexte socio-psychologique.
« L’observance à l’hormonothérapie est parfois un parcours difficile. Comprendre les obstacles à une correcte observance pourrait permettre d’améliorer la qualité de vie et le pronostic des femmes sous hormonothérapie adjuvante. »
Barbara PISTILLI (Gustave Roussy, Villejuif)