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Le retour au travail après un cancer

En France, sur les 50 000 femmes touchées chaque année par un cancer du sein, 20% ont moins de 50 ans. Comprendre les facteurs qui favorisent ou font obstacle à la reprise de l’activité après un cancer est un sujet de première importance. Cependant, le retour au travail est un processus complexe dans lequel les déterminants cliniques (séquelles somatiques et psychologiques) et les déterminants sociaux (position socioéconomique et conditions de travail) interagissent.

Ces sont les premières analyses des données de la cohorte CANTO qui croisent l’ensemble de ces données. Elles ont été réalisées sur 1874 femmes en activité au moment du diagnostic. On a analysé les facteurs associés au fait d’avoir repris une activité professionnelle 1 an après la fin des traitements, soit en moyenne environ 2 ans après le diagnostic.

Les résultats montrent d’abord le rôle d’un certain nombre de facteurs cliniques, la probabilité de retour au travail étant moindres chez les patientes traitées par une association de chimiothérapie et de l’Herceptin®, chez celles qui avaient eu une chirurgie invasive (combinant mastectomie et curage des ganglions axillaires), ainsi que chez les femmes ayant rapporté des toxicités physiques et des douleurs importantes au bras à la fin des traitements.

Les résultats pointent ensuite l’importance de l’état psychologique, et montrent que les femmes rapportant des symptômes d’anxiété ou de dépression à la fin des traitements sont moins enclines à reprendre le travail 1 an plus tard.

Enfin, après prise en compte de la catégorie socioprofessionnelle, les conditions de travail négativement liées à la reprise de l’activité incluaient : avoir un emploi avec une posture pénible, travailler à mi-temps, avoir des horaires de travail décalés, et ne pas être soutenue par ses collègues ni son employeur.

 « La principale limite des études sur cancer et travail est qu’elles sont menées soit à partir des lieux de soin, avec un recueil restreint de données sur la situation professionnelle des femmes, soit à partir des bases de données médico-administratives, avec peu de données sur la prise en charge médicale. La cohorte CANTO permet de dépasser cette limite par l’approche multidisciplinaire et le croisement de données cliniques, sociologiques, psychologiques. »
Agnès DUMAS (Gustave Roussy, Villejuif)